Vous avez bien lu. C’est bien la question posée par le projet gouvernemental de suppression de la publicité sur France Television.
Tel qu’il se profile aujourd’hui, ce projet lancé par Nicolas Sarkozy et piloté par Christine Albanel aura deux effets
- Un bouleversement du marché publicitaire hertzien grâce auquel TF1 se trouvera en quasi monopole vis-à-vis des annonceurs. Le groupe TF1 perçoit déjà plus de 50% des revenus publicitaires télévisuels en France. En éliminant de facto son principal concurrent -le service public- le projet mettra TF1 en situation d’imposer ses conditions à l’ensemble du marché. Il en tirera des profits sans précédent dans l’histoire de la chaine.
- Un besoin de financement du service public à peu prés égal aux nouveau profits de TF1 – et dans une moindre mesure des autres chaines hertziennes. Selon les orientations actuelles, ce déficit sera comblé par le développement d’une nouvelle taxe affectant les médias, les fournisseurs d’accès mobile et internet, les fabriquant d’appareils électroniques, et maintenant peut-être… internet.
Selon Les Echos du 31 janvier, la ministre de la culture et ses conseillers souhaitent taxer la publicité sur internet pour financer les déficits que la réforme aura créé au sein du service public. Par cette implacable cavalerie, c’est simplement le financement du web dans son ensemble qui servira à gonfler les profits de TF1.
L’idée de taxer spécifiquement le développement d’internet pourrait avoir l’air invraisemblable.
Quel pays peut s’offrir le luxe de retarder son développement technologique de manière aussi évidente? Quel heureux dirigeant de quelle nation joufflue et bien portante peu ainsi brider le secteur dont la croissance est la plus forte, celui qui créera peut-être un jour le plus d’emplois, de postes à très forte valeur ajoutée, d’élan, de dynamisme, de nouveauté ? Quelle démocratie sure de l’excellence de ses institutions peut traiter comme rien le moyen d’intégrer chacun dans le débat politique, de développer le sens de la discussion et de la participation, d’élargir à tous l’accès à l’information ?
L’idée de taxer spécifiquement le développement d’internet pourrait avoir l’air invraisemblable… mais elle est en train de devenir un projet.
Il ne s’agit pas ici d’une taxe d’inspiration économique, ni sociale, ni écologique, ni humanitaire. Cette taxe devra financer l’interdiction de la publicité sur le service public, c’est à dire la mise sur orbite de TF1 comme acteur ultra-dominant du marché publicitaire hertzien français.
L’idée de taxer spécifiquement le développement d’internet est en train de devenir un projet porté, défendu, mené à bien par de nombreux intérêts industriels et politiques. Ce qui parait invraisemblable pourrait bien arriver.
Il est temps que les acteurs de l’internet français pensent à son fonctionnement et à son rôle, bien au-delà de leurs intérêts particuliers.
Il est plus que temps de lancer la discussion sur le sujet.